La genèse de l’Art Brut

Avant que Jean Dubuffet ne popularise le terme « Art Brut« , c’est le psychiatre suisse Hans Prinzhorn qui a joué un rôle crucial dans la reconnaissance de l’art créé par des patients psychiatriques. Prinzhorn a collecté des milliers d’œuvres d’art réalisées par des patients de cliniques psychiatriques au début du 20ème siècle.

En 1922, il a publié un livre influent intitulé « Artistry des Mentally III« , qui examinait ces œuvres non seulement comme des documents cliniques, mais aussi comme des œuvres d’art à part entière. Ce livre a eu une influence profonde sur de nombreux artistes modernes et a jeté les bases de la reconnaissance de l’Art Brut.

C’est dans ce contexte que Jean Dubuffet, inspiré par les collections de Prinzhorn et d’autres, a commencé à s’intéresser à l’art des non-professionnels, des marginaux et des patients psychiatriques, qu’il a finalement appelé « Art Brut ».

Dubuffet a lui-même constitué une importante collection d’Art Brut, qui est maintenant hébergée à la Collection de l’Art Brut à Lausanne, en Suisse.


L’Art Brut, terme inventé par l’artiste français Jean Dubuffet, désigne des œuvres créées en dehors des normes académiques et des courants artistiques traditionnels.
Voici quelques principes et caractéristiques clés de l’Art Brut :

  • Authenticité et spontanéité : L’Art Brut est souvent associé à une expression pure, non filtrée et spontanée. Il n’est pas influencé par les tendances artistiques, les écoles ou les formations académiques.
  • Créateurs autodidactes : Les artistes de l’Art Brut sont souvent des autodidactes, des personnes en marge de la société, comme des patients psychiatriques, des prisonniers ou d’autres individus isolés socialement ou culturellement.
  • Matériaux non conventionnels : Les artistes de l’Art Brut utilisent souvent des matériaux et des techniques non conventionnels. Ils peuvent utiliser des objets trouvés, des matériaux recyclés ou des techniques inventées.
  • Absence de préoccupations esthétiques conventionnelles : Les œuvres d’Art Brut ne cherchent pas nécessairement à être « belles » selon les normes esthétiques traditionnelles. Elles sont plutôt une expression directe de l’expérience intérieure de l’artiste.
  • Narration personnelle : Beaucoup d’œuvres d’Art Brut contiennent des éléments autobiographiques ou racontent des histoires personnelles, des rêves ou des visions.
  • Unicité : Chaque artiste d’Art Brut a souvent un style distinctif, difficile à catégoriser ou à classer dans des mouvements artistiques existants.
  • Reconnaissance à postériori : Souvent, les artistes d’Art Brut ne créent pas dans le but d’être reconnus ou exposés. Leur travail est souvent découvert posthumement ou tard dans leur vie.
  • Absence d’intention Commerciale : La plupart des artistes d’Art Brut ne créent pas d’œuvres dans une intention commerciale ou dans l’espoir de les vendre.

L’Art Brut a influencé et inspiré de nombreux artistes, collectionneurs et conservateurs, et a conduit à la reconnaissance d’autres catégories d’art, comme l’Art Outsider, qui englobe un éventail plus large d’artistes autodidactes.

L’exposition du musée des Abattoirs sur l’Art Brut

L’exposition du musée des Abattoirs met en lumière une partie peu connue de l’histoire de la psychiatrie du XXe siècle, marquée par une transformation majeure des institutions psychiatriques et une influence sur l’art moderne, notamment l’émergence de l’art brut.
Elle retrace le parcours du Docteur François Tosquelles, un psychiatre espagnol qui, après avoir fui le régime franquiste post-guerre d’Espagne, s’est établi à Saint-Alban-sur-Limagnole.
Là, il a introduit des méthodes de soins innovantes axées sur l’humanisation et l’expression artistique des patients. Ces œuvres d’art ont été plus tard reconnues et collectionnées par le peintre et sculpteur Jean Dubuffet.


Durant la Seconde Guerre mondiale, l’hôpital où Tosquelles travaillait est devenu un refuge pour des artistes et écrivains en exil, dont Paul Eluard.
Après la guerre, cet établissement a jeté les bases d’une nouvelle approche de la psychiatrie, centrée sur des activités collectives et des méthodes « désaliénantes ». Des figures notables comme Frantz Fanon y ont été formées. L’importance des femmes, qu’elles soient patientes ou soignantes, dans cette révolution est également mise en avant.

L’exposition, se focalise sur le parcours de François Tosquelles, explore les liens entre art, exil, psychiatrie et la création en contexte d’exclusion.
Elle présente une variété d’œuvres, films, livres, archives et photos, célébrant la liberté d’expression et d’exploration de l’esprit, comme le préconisait Tosquelles.

En qualité de photographe, je n’ai pas été franchement conquis par les œuvres mais plus sur la démarche. Il en ressort un reportage photo plutôt léger et peu illustratif des œuvres.
En vrai, il est difficile de retranscrire en photo les émotions ressenties lors de cette exposition.

C’est une exposition « à vivre » !

 

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.